Mme DELMAS-MARTY revient au rapport de M. Dumoulin qui lui paraît mettre en évidence un hiatus entre le travail des Comités de prévention, dont il a exposé les acquis, et la politique criminelle qui semble se dessiner aujourd'hui. Elle voit ce hiatus sur deux plans :
1) une donnée recueillie par les Comités, c'est que d'un côté, le sentiment d'insécurité augmente, et d'un autre côté la criminalité apparente reste stable. Or le mouvement législatif part de cette peur. Peut-on légiférer contre la peur ? Ne faudrait-il pas plutôt viser la criminalité constatée ?
2) cette peur a été analysée qualitativement par les Comités : elle tient davantage à la petite et à la moyenne criminalité qu’à la grande, qui est stable. Or on légifère en pensant à la grande criminalité. Pourquoi ne prend- on pas en compte les données recueillies par les Comités ? On rejoint ici la question posée par Jacques Vérin dans son rapport : quel lien doit-il ou peut-il y avoir entre les recherches et l'utilisation qui peut en être faite au point de vue de la politique criminelle ? Il est peut-être dangereux de confier aux mêmes Comités des tâches de recherche criminologique et de politique criminelle. Mais il serait aussi dangereux de ne pas établir une certaine cohérence, un pont, entre ceux qui s'occupent de la criminologie et ceux qui s'occupent de la politique criminelle.