Mes remerciements d’abord à ceux qui ont préparé ce numéro d’hommage à Monsieur J. Pinatel d’avoir bien voulu me demander d’y participer. J’y ai répondu volontiers pour différentes raisons. La première, c’est parce que j’avais ainsi la possibilité de reconnaître la dette que j’ai à son égard. Jeune assistant d’Etienne De Greeff à l’école de criminologie de l’Université de Louvain, Monsieur Pinatel m’a fait découvrir la criminologie dans la manière dont elle se constituait à la société internationale de criminologie (dont il était à l’époque le secrétaire général), c’est-à- dire, dans un milieu particulièrement stimulant. En plus, comme il témoignait d’une grande sympathie pour celui qui était mon patron, je me trouvais inscrit dans un courant de criminologie clinique auquel il était particulièrement attentif. Je me rappellerai la contribution qu’il apporta aux journées de travail que nous avions organisées à Louvain en 1956 à l’occasion des 25 années de professorat d’Etienne De Greeff et où il présenta une analyse de son œuvre criminologique intitulée L’apport d’Etienne De Greeff dans l’étude de la personnalité criminelle (1). C’était une des premières, si pas la première analyse pertinente des différents processus à partir desquels pouvait se comprendre, selon De Greeff, un comportement délinquant. Seulement, occuper cette position n’est pas sans danger. Il y avait, d’une part, la volonté qu’avait à très juste titre M. Pinatel de faire de la criminologie une science proprement distincte des autres par son objet et par la manière de répondre au défi que constituait la délinquance. Et d’autre part, il y avait, en ce qui me concerne, une difficulté particulière de lier la clinique à ce seul objectif et à ne pas voir le comportement délin quant comme un comportement parmi les autres, c’est-àdire, mettant en cause des explications plus larges que celles qui se référaient uniquement au comportement délinquant. Et c’est là ma deuxième raison : si une distance s’est établie, - et a provoqué chez M. Pinatel une certaine déception - celle-ci reste nettement localisée. Ne s’agit-il que d’une question de mot, celui de «personnalité criminelle»? Probalement oui, mais il faut reconnaître que les questions de mots sont souvent essentielles, car c’est à partir d’eux que les choix et les diverses prises de position s’effectuent.