Carissa Véliz (2021) soutient que pour être un agent moral, une entité (comme un système algorithmique) doit nécessairement être sentiente. En prenant l’exemple d’une forme d’agentivité sans conscience phénoménale et donc sans sentience, je conteste cette thèse. En effet, certains groupes humains peuvent être considérés comme des agents intentionnels non réductibles aux individus particuliers qui les composent. En m’appuyant sur l’interprétativisme proposé par Uriah Kriegel (2011) et John Haugeland (1990), ainsi que sur la posture intentionnelle (intentional stance) de Daniel Dennett (1987), je montre que l’intentionnalité est une condition suffisante pour parler d’agentivité morale et que, contrairement à ce qu’affirme Véliz, il peut donc y avoir des agents moraux qui ne sont pas sentients.