Secouées par les innombrables manifestations de la chanté chrétienne, nos sociétés contemporaines ont fini par prendre plus clairement conscience des exigences de ce qu'on a désormais l'habitude d'appeler, non sans une certaine imprécision, la justice sociale. En faisant appel au dévouement des plus généreux parmi ses membres et en recourant le plus souvent à des moyens de fortune, l'Eglise s'est employée depuis des siècles à instruire les jeunes, à prendre soin des malades et des vieillards, à nourrir les indigents, à racheter les captifs, à réhabiliter les prisonniers, etc. Ainsi, elle a amené peu à peu les grandes communautés humaines et ceux qui les dirigent à comprendre qu'une élémentaire justice leur demande d'assurer à tous ce que sa charité plus ou moins dénuée de ressources ne lui permettait d'apporter qu'à un nombre restreint. En effet, malgré son ampleur et son zèle, il est clair que cette charité devait s'avérer impuissante à combler le vide laissé par une cruelle absence de justice. En principe, on ne peut donc que se réjouir de voir l'Etat assumer enfin une responsabilité à laquelle il s'est trop longtemps dérobé.